jeudi 29 septembre 2016

146ème : 4-PVPV - JUSTICE et VIOLENCE (2ème partie)




Selon les usages, 
il est facile de survoler les archives du blog, 
(ainsi qu'aux 44 émissions radio astronomiques en fin de liste), soit 145 « contributions » !



Démarrage de l’écriture de cet épisode le 15 juillet au matin (jachère estivale puis brève reprise et mise en ligne fin septembre !), qui se veut prolongement et 2ème partie du précédent. Peut-être serait préférable de (re)survoler cette 1ère partie pour mieux saisir mes propos. 

La barbarie extrême (avec plus de 84 morts, 200 blessés dont 50 personnes à ce jour entre la vie et la mort) a encore frappé, et ce, en « baie des anges », sur la promenade des anglais à Nice, à la fin des feux d’artifice de notre fête nationale... et puis encore d’autres attentats en Turquie et ailleurs, et chez nous dernièrement, à St Etienne du Rouvray, et encore et encore... 

La violence du monde ne nous quitte plus. Nous habitons maintenant le monde tel qu’il est réellement, nous le savons et il nous appartient d’en tirer, individuellement, collectivement et intelligemment, tous les enseignements. 





Merci à l’ami Frédéric Bosqué, animateur du magnifique projet TERA, pour tes propos de soutien auxquels je m’associe totalement : 

« Puissions nous retrouver le lien universel qui unit tous les êtres au delà de leurs camps respectifs...Paix aux femmes et aux hommes de bonne volonté qui préparent la civilisation qui vient sans haine ni violence...Paix à toutes les victimes de toutes les violences, en particulier celles aujourd’hui de nos ami(e)s niçois(e)s... »


Lors du précédent épisode, centré sur le procès « Alexandre »,  je le terminais ainsi :  

Probablement, dès que possible,  je complèterai cet épisode (3-PVPV) par mon regard personnel, ce que j’ai vu, ressenti et aussi partagé avec la famille proche d’Alexandre ainsi qu’avec le papa de Mickaël Baehrel, au cours de ces trois lourdes matinées des 5, 7 et 8èmes jours du procès.

Ci-contre, la seule image que j’ai prise, le matin du verdict, avec la maman de la victime, à gauche, en conversation avec la famille du meurtrier de son fils (son papa de dos, ses 2 sœurs et son frère).

A la réflexion, j’ai préféré ouvrir une 2ème partie à ce thème « Justice et violence », après le verdict le 16 juin dernier :



Ce même 16 juin, une journaliste courageuse, Samah Soula, diffusait sur France 2, le premier épisode de son émission « Un œil sur la planète. Le monde de demain » qu’elle introduisait ainsi :

« Depuis des décennies, la crise est là et chacun sent confusément être arrivé au bout d’un système. Le chômage ne cesse d’augmenter, la nature de se dégrader et les rapports sociaux de se tendre. L’obsession de la croissance comme seul vecteur de développement se révèle une impasse. Les frustrations engendrées par une société inégalitaire entraînent de plus en plus de violence. Et si nous faisions autrement ? ».








Merci à Samah, merci aussi à Elise Lucet avec « Cash Investigation », merci également à toutes celles et à tous ceux, dans tous les domaines, de plus en plus nombreux, qui ont compris l’essentiel et qui s’impliquent courageusement pour sortir de la violence croissante qui résume la folie de notre monde et pour construire un monde plus humain. 

Ces derniers mois écoulés ont montré de nombreux exemples de cette violence ordinaire avec divers grands responsables politiques nationaux et européens, responsables d’entreprises… empêtrés dans des magouilles, des compromissions, des mensonges (paradis fiscaux, banques douteuses…). Un titre du journal Sud-Ouest l’illustre assez bien : « La Commission européenne gangrenée par les lobbys et conflits d'intérêts ? ». 


Gandhi disait, à la formulation près : « Soyons le changement que nous voulons pour le monde ». Si nous voulons un monde fraternel, nous devons être fraternels. Si le monde est violent, c’est peut-être que nous sommes également violents, de diverses façons, consciemment ou inconsciemment. Peut-être que nous avons le monde que nous méritons collectivement ???





Je ne me résigne pas à cette folie du monde. Ces derniers mois, mon agenda a été, comme d’habitude, assez chargé. J’ai participé à « Dialogues en Humanité » à Lyon, un haut lieu de construction d’un monde de « Pleine humanité », dont je reparlerai lors d’un de mes prochains épisodes. J’ai aussi acheté et lu en série, plusieurs ouvrages en relation avec la violence qui envahit notre monde : 




-le premier de l’ambassadeur de France au Danemark, François Zimeray,  aux éditions « Tribune du monde », intitulé « J’ai vu partout le même visage », sous-titré « Un ambassadeur face à la barbarie du monde », 









-le deuxième ouvrage de l’ami curé Christian Delorme, croisé régulièrement à « Dialogues en Humanité », et qui s’intitule « L’islam que j’aime, l’islam qui m’inquiète» aux éditions Bayard, 










-le troisième d’Antoine Leiris, dont l’épouse a été assassinée au Bataclan « Vous n’aurez pas ma haine », chez Fayard, 










-et un quatrième de Jean-Claude Guillebaud « Le tourment de la guerre », aux éditions l’ « Iconoclaste ».











Ces derniers mois également, l’homme ferroviaire que j’étais, le cheminot a suivi d’assez près, la VIOLENCE lors d’une rencontre frontale entre deux trains sur voie unique en Italie, à proximité de Bari, dans les Pouilles, occasionnant la mort de 23 personnes, violence du choc et aussi violence des réactions des citoyens devant l’irresponsabilité de dirigeants. 

Cela m’a renvoyé à un scénario (et causes) probablement identiques, début août 1985, il y a 31 ans, avec l’accident de Flaujac que j’ai vécu aux premières loges, accident (43 morts) évoqué à l’épisode précédent à propos de la Justice et de la recherche de la  « Vérité ». J’y reviendrai peut-être un jour ?


RETOUR au procès d’Alexandre (avec mon regard plus personnel) :

Ce lundi 13 juin au 5ème jour du procès, aux aurores, j’ai décidé d’assister à une matinée de ce procès d’assises pour me faire ma propre opinion et essayer de mieux comprendre. Je me suis levé très tôt car, d’après la presse locale, le public ne dispose que d’une trentaine de places, sans qu’il y ait une salle supplémentaire pour visionner le procès sur écran, comme ce fut le cas pour le procès « Bonnemaison » (lié à la fin de vie et à l’euthanasie…). Arrivé matinale sur les marches du palais de justice à 7h30 pour une audience à 9h, je constate qu’il y a déjà la queue avec une vingtaine de personnes. Les plus proches de moi s’avèrent être de la famille de la victime, un couple de mon âge (sœur du grand-père maternel d’Alexandre et son mari) et leur fille. Ils viennent presque tous les jours de Mont-de-Marsan, nous échangeons sur la situation que la famille vit très difficilement depuis 5 ans, sur les accusés, et puis sur de nombreux sujets moins douloureux et plus apaisants (rugby, ex boulot..). La file du public s’allonge, plusieurs jeunes étudiant(e)s en droit sont présent(e)s.




Devant moi, il y a une famille de 4/5 personnes assez silencieuse et paraissant triste, j’essaie d’échanger quelques mots avec une jeune femme, qui me chuchote « vous croyez que c’est le moment », pendant que sa sœur lui fait signe de ne pas parler. Je croise, à distance, un long regard avec le père, qui baisse les yeux et je crois avoir assez vite compris qu’il s’agit de la famille d’un accusé.



La matinée se déroule avec les analyses et conclusions des experts, dont j’ai parlé à l’épisode précédent et qui plongent dans l’horreur absolue l’ensemble de la salle d’audience. J’admire l’immense courage de la maman, de la sœur et de la famille d’Alexandre qui assistent à cette rude épreuve, pendant qu’un certain nombre de personnes quittent la salle, ne pouvant supporter cette barbarie imagée. Lors d’une suspension d’audience, je sors et je suis juste derrière la jeune femme qui ne souhaitait pas que sa sœur s’exprime. Je la rejoins et lui dis : « je ne sais pas quelles sont vos relations avec les accusés, mais je vous souhaite du courage ». Il me semble qu’elle me remercie du regard. Je fais un moment la queue pour entrer à nouveau mais sans espoir, je repars à la maison. J’avais l’intention de ne venir qu’à une seule audience, mais, avec les deux heures d’attente et d’échanges, je me sens émotionnellement embarqué dans une proximité avec les familles de la victime mais aussi d’un accusé, et je reviendrai donc.



A la veille du verdict, le mercredi 15 juin, je suis à nouveau, encore plus tôt, vers 7h15 en haut des marches du palais. Je retrouve la famille d’Alexandre, avec qui je commence à être en empathique proximité. Normalement, la matinée était centrée sur les plaidoiries des parties civiles, mais le principal accusé Mickaël a souhaité « libérer sa conscience » et a bousculé les horaires (cf. épisode précédent) : il a apporté de nouvelles précisions sur ce qui s’est passé. Et, ensuite, pendant un temps qui m’a paru très long, comme d’autres j’ai ressenti qu’il était pleinement humain, qu’il parlait vrai et il y a eu ensuite dans ces instants intenses de quasi vérité, une succession de questions posées en cascade par le président, l’avocat général et la maman-courage d’Alexandre pour en savoir encore un peu plus.


Le jeudi 16 juin, dernier jour du procès, c’est celui des plaidoiries de la défense, des délibérations des jurés et du verdict, je suis à nouveau présent vers 7h15 et je retrouve la famille d’Alexandre. C’est là que j’apprends que la famille « paraissant triste » est celle de l’accusé principal Mickaël Baehrel. 




En faisant la queue, dans l’entrée du tribunal, je suis bouleversé par une scène surréaliste : celle d’une rencontre prolongée entre la maman d’Alexandre avec le papa, le frère et les deux sœurs de Mickaël, les uns quasi-serrés contre les autres, tous unis dans ce drame commun. Ce sera la seule photo, extraordinaire et riche d’enseignements, que je me permettrais de prendre (ci-contre).





Puis nous entrons dans la salle d’audience après les précautions de sécurité systématiques dans les temps actuels (portique, poële à frire, palpation, vidage de sacs…). Je suis debout, à un mètre du frère de Claude Ducos et à proximité immédiate du père de Mickaël, assis avec sa famille.

L’avocate de Christophe Camy, le voleur du portable, assure sa plaidoirie. Avant la défense de l’accusé principal, une suspension d’audience (1/2 heure) s’effectue, où certains se déplacent, notamment les frère et sœurs de l’accusé principal Mickaël. 

Il y a une place libre à côté du papa de Mickaël, je m’assois après lui avoir demandé son accord. Je crois qu’il a compris depuis le début mon attitude. En me penchant vers lui, pour être discret, je lui dis que la journée risque d’être rude. En se penchant vers moi, il me dit ex-abrupto « ce n’est pas une question d’éducation ». Et ainsi, par petites touches, en se rapprochant de l’oreille de l’autre, nous avons quelques échanges au milieu de grands silences. Ils viennent d’Alençon en Normandie. Je lui dis que j’ai été impressionné par l’échange avec la maman d’Alexandre, il me dit que c’était la 3ème fois. Et puis il rajoute, en évoquant ces échanges « que dans une autre vie, nous aurions pu être amis ». Après ces moments forts de partage intime entre deux êtres humains sensibles, j’ai retrouvé ma place debout lors de la reprise d’audience.

Lors de la description du procès, au précédent épisode, j’avais noté ce que disait la presse au 4ème jour de procès, lors de l’audition du père de Mickaël, l’homme et papa meurtri avec qui je venais de partager :
Mickaël « il lui manque de l’amour ». C’est son père qui le dit. « Moi, je lui en ai donné. Sa maman pas du tout ». Quand il le récupère, à 10 ans, il ne sait ni lire, ni écrire. Il le porte à bout de bras jusqu’à ses 18 ans. Avant qu’il ne claque la porte pour la rue. Il sait bien qu’il « a raté quelque chose » pour retrouver son fils ici, aux assises. « Ca fait très mal ». Mais cet homme touchant tient à pousser son fils à « assumer ». Quoi qu’il dise, il lui assure qu’il restera son père. Baehrel est en larmes. « S’il y a quelque chose, il faut le dire Mike. Ecoute-moi, c’est ton père qui te parle ».   



L’audience reprend avec la plaidoirie de Me Carine Magne, l’avocate de la défense de Mickaël Baehrel (cf. le précédent épisode). Remarquable et bouleversante plaidoirie, d’une profonde humanité « Juger, c’est accepter de comprendre », « Ce qu’il a fait est monstrueux, mais est-il un monstre ? » Cette phrase rejoint celle de Patrick Viveret au sujet des attentats 2015, que j’ai reprise dans un précédent épisode de mon blog : « Il y a des actes barbares, il n’y a pas de barbares ». 


Il me semble que si j’avais du assurer la défense de l’accusé principal Mickaël, ma plaidoirie aurait été très voisine dans la tonalité et dans les arguments. « Nous sommes dans nos cœurs les parents d’Alexandre, mais nous pourrions tous être les parents de Mickaël ». 



Cette avocate, au grand cœur a démarré et achevé sa plaidoirie en pleurs. En fin de matinée, très ému, j’ai dit au-revoir à la famille de Mickaël, je leur ai souhaité à nouveau bon courage en serrant longuement la main du papa de Mickaël, et des deux sœurs, qui, j’espère et je crois, auront apprécié dans leur immense souffrance, solitude et rejet, un petit souffle de compassion et d’humanité. 

Je suis aussi allé saluer et remercier l’avocate Carine Magne, encore les larmes aux yeux, pour sa plaidoirie pleine d’humanité.


La VIOLENCE au quotidien :

J’avais l’intention initiale de parler longuement de la « recherche de la vérité », d’apporter quelques témoignages personnels, vaste sujet mais la journée n’ayant que 24 heures, je me résoudrai, pour ne pas trop sacrifier le « présent », à lister quelques textes en relation direct ou indirect avec ce thème « Justice et Violence », pour réfléchir dans les temps rudes actuels :


1-L’inqualifiable ( !) européen ( ?) Juncker, président de la Commission Européenne (s’il vous plaît !) au centre d'un scandale fiscal impliquant 340 multinationales 

(sans parler de son prédécesseur, l’infâme et le traître Barroso) :










2- L’ami Maurice Oudet, Père blanc, bienfaiteur de l’humanité (site exceptionnel). Tout est lié 5/21 : les APE, l'agriculture, l'alimentation, les migrations, le terrorisme...







3- L'obscurantisme ! Les bûchers se sont transformés en sanctions juridiques !!!






4- Deux "Bienfaiteurs de l'Humanité" à écouter et à suivre impérativement. Merci amis Lydia et Claude Bourguignon.
http://www.huffingtonpost.fr/2016/06/23/degats-inondations-agriculteurs-rebelles-se-battent_n_10633728.html?utm_hp_ref=france





5-Samah Soula : « Un Œil sur la planète. Le monde de demain ».
Les frustrations engendrées par une société inégalitaire entraînent de plus en plus de violence. Et si nous faisions autrement ?





6-Josef Schovanec  (émission « C à vous » du 19 mars 2015) « quand l’ignorance est la règle, il y a malheureusement beaucoup de vies broyées », "La force d'une communauté se mesure au bien-être de ses membres les plus faibles"







7-La mediocratie : En politique comme dans les entreprises, “les médiocres ont pris le pouvoir”.



8 -Amalgames !?





9-Quand Monsanto sera-t-elle condamnée pour "crimes contre l'Humanité" ? Merci infiniment à Marie-Monique Robin, présidente d’honneur de ce tribunal
http://reseauinternational.net/monsanto-juge-pour-crimes-contre-lhumanite






10- Repenser notre rapport au monde.


Bon vent à toutes et à tous.

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