jeudi 23 juin 2016

145ème : 3-PVPV - JUSTICE et VIOLENCE (16 juin 2016)




Cinq préalables, pour s’emplir d’énergie positive, avant de rejoindre le Palais de Justice de Pau et de plonger dans l’horreur absolue au procès des meurtriers d'Alexandre Junca.










1-Selon les usages, 

il est facile de survoler les archives du blog, d'un seul clic, vous accédez immédiatement à l'un des 100 "épisodes" de votre choix 
(ainsi qu'aux 44 émissions radio astronomiques en fin de liste), soit 144 « contributions » !


2-Quatre mots précieux dans la lointaine tradition hawaïenne Ho'oponopono :

« Désolé, Pardon, Merci, Je t'Aime ». « C’est un art de vivre qui vient d'Hawaii, qui est un rituel de pardon et de réconciliation ; il est un véritable chemin vers la conscience unitaire ».





D, Pardon, M, JTA… ami lecteur, mon frère humain, je suis un cas, j’ai beaucoup de chance, je suis un homme heureux, j’ai tant de choses à dire, je ne sais pas ce qu’est l’ennui, j’essaie d’accorder 

la priorité au « présent », mais j’aurais aimé disposer d’heures d’écritures supplémentaires pour vous offrir ces beaux « présents » passés, au cours des derniers mois :

-la restitution de la journée Os Marsillon, objet d’un précédent épisode PVPV, à la hauteur des espérances,
-une belle cousinade Mortier qui a réuni en Ardèche quelques 80 personnes,
-une mission astronomique magique de plus au Pic du Midi de Bigorre,
-deux navigations mémorables au lac « inter régional » (Nouvelle Aquitaine/Occitanie ?!) de Gabas (une « rafraîchissante » avec fortes rafales « dessalant » la quinzaine d’équipages et une autre « chaleureuse » embarquant, à tour de rôle, une quarantaine de jeunes personnes handicapées à bord de catamarans, « access », 420, bizzus et caravelle),
-l’implication forte dans le lancement très prochain, grâce à Laurence, d’une micro crèche (10 enfants) « Les Souris du Nido » dans l’esprit Montessori,
-le spectacle « danse/théâtre » de Gaël, notre petit-fils landais…
-et tant d’autres « petites choses », puissantes forces de vie.







3-J’avais annoncé précédemment un épisode intitulé « Dialogues en Humanité DH 2015 » : Fraternité, Poésie et une nouvelle Rose, mais ce présent épisode m’a paru s’imposer dans les temps rudes actuels, la folie du monde et la brûlante actualité locale.




4-Dans une dizaine de jours, j’aurai la Joie de participer à mes 5èmes « Dialogues en Humanité » (DH) à Lyon http://dialoguesenhumanite.org , pour retrouver des ami(e)s constructeurs d’Avenir et partager sur le thème 2016 : Citoyens du peuple de la Terre, devenons des artistes en humanité !











Je salue les amis en leur signalant que j’ai lu un ouvrage passionnant et bouleversant d’un jeune petit cousin, Gaëtan Mortier, décédé bien trop tôt : « Finance Ethique : le grand malentendu » aux éditions Stimulo, édité en avril 2013.






5-Gandhi disait que la mission de l’art (et de la poésie) est de Réveiller le Bien qui sommeille au cœur de chaque être humain. 


Aussi, pour entrer, en Pleine Humanité, dans notre redoutable épisode JUSTICE et VIOLENCE, je vous propose de suivre Gandhi, en compagnie de la nouvelle Rose évoquée « Henryane de Chaponay » ainsi qu’avec un acrostiche de « DIALOGUES EN HUMANITE », que j’ai écrit et exprimé lors des DH 2015 :


D        Dialogues en poésie, cet acrostiche OSONS.
I         Inconnu qui m’écoute, tu es ma sœur, mon frère.
A        Approchons-nous un peu et relions nos mains,
L        Là, comment te sens-tu ? Tu es toi, je suis moi.
O       Oh, est-ce bien raisonnable, d’aller ainsi si vite
G       Goûter à l’Amitié, ouvrir des horizons.
U       Un instant a suffi, un regard souriant,
E        Et voilà, qu’à présent, un peu plus vite nos cœurs
S        S’emballent à l’unisson, semant quelques frissons.


EN     Ensemble le maître-mot, pour construire urgemment,


H       Humanité Nouvelle et Pleine Humanité.
U       Utopie ou suicide : notre choix est facile.
M      Main dans la main partout, ce réseau d’Amitié
A       Ainsi que de Confiance, tracera à grands pas
N       Nos chemins de demain, chemins de Fraternité.
I        Ici, frères humains, nous sommes tous plus ou moins,
T       Tisserands de Lumière, Constructeurs d’Avenir.
    Essaimons à foison, notre passion de Vivre.



Une vingtaine d’images (repérées par des textes de couleur rouge), (en cliquant, l'image peut s'agrandir) illustreront cet épisode. Entrons donc courageusement dans le vif du sujet, en commentant ces illustrations, dans leur ordre d’apparition. Merci aux auteurs de ces images, utilisées pour la bonne cause :



1-le Palais de Justice de Pau (Pyrénées Atlantiques 64),
2-le beau visage de la victime Alexandre Junca (merci au journal Sud-Ouest),

3-le « présent »,
4-le lac « inter régional » de Gabas, en « Caravelle », lors d’une journée « portes ouvertes »,
5-l’affiche « Dialogues en Humanité » 2016 à Lyon,
6-le cousin Gaëtan M, auteur de l’ouvrage ci-dessous :
7-l’ouvrage « Finance Ethique : le grand malentendu » dont l’auteur est ci-dessus,
8-la nouvelle rose « Henryane de Chaponay »,
9-"l'image des images !" (ci-dessus),10-l’avis de recherche d’Alexandre : son visage partout en ville,
11-la foule marche à Pau pour Alexandre et sa famille,
12-la salle d'Assises depuis les bancs « publics »,
13-la salle d’Assises depuis la Cour,

14-l’agenda du procés (dates, accusés, avocats, infractions),
15-le box des accusés (de gauche à droite Christophe Camy, Mickaël Baehrel, Fatima Ennajah, Claude Ducos),
16-le président de l'audience Francis Bobille, conseiller à la cour d'appel,
17-le dossier du président,
18-la famille de la victime (de droite à gauche le papa Philippe Junca, Virginie une sœur d’Alexandre ( ?), la maman Valérie Lance et son mari),
19-le DOSSIER,énorme travail Justice et Police, main dans la main,
20-l’accusé principal Mickaël Baehrel, condamné à perpétuité,


21-les avocats (de droite à gauche de la défense et des parties civiles Mes Bousquet, Chipi, Mazza et Leverbe),
22-la maman Valérie Lance avec son avocate, Me Mazza,
23-l’Avocat Général Jean-Christophe Muller,
24-les avocats de la défense (de gauche à droite Mes Chipi, Legrand-Bogdan (de dos), Mes Rolfo, Magne)
25-l’avocate de Mickaël Baehrel, Carine Magne, à l’issue de sa remarquable plaidoirie,
26-la seule image que j’ai prise, le matin du verdict, avec la maman de la victime, à gauche, en conversation avec la famille de l’accusé principal Mickaël Baehrel (son papa de dos, ses 2 sœurs et son frère).



3-PVPV - JUSTICE et VIOLENCE (16 juin 2016)

Vaste et délicat sujet s’il en est. « Ce présent épisode m’a paru s’imposer dans les temps rudes actuels, la folie du monde et la brûlante actualité locale ». Attentats multiples, guerres en cours, génocides masqués, massacre d’Orlando, assassinats d’un couple de policiers et d’une députée anglaise, hooligans russes face aux hooligans anglais, crimes presqu’ordinaires …



L’actualité locale brûlante est le procès (programmé sur 8 jours du mardi 7 juin au jeudi 16 juin), à la Cour d’assises de Pau, de quatre accusés, pour l’horrible meurtre d’ALEXANDRE Junca, 13 ans et demi, le 4 juin 2011, procès qui s’est conclu le 16 juin 2016 par 4 condamnations (perpétuité, 15 ans, et 2 fois 3 ans de prison ferme).



Le gentil « bisounours », citoyen du monde que je suis, qui cherche inlassablement à mieux comprendre l’être humain, fait d’ombres et de lumière, a été présent au Tribunal lors de trois matinées. 



Cet épisode sera surtout centré sur ce drame qui a tenu en haleine et bouleversé toute une région, en m’appuyant sur la presse locale ainsi que sur ce que j’ai vu, partagé et ressenti les 13, 15 et 16 juin dès les petits matins.





Justice et Violence : chacun de nous a sa propre expérience, son propre vécu d’injustices et de violences, son propre regard et sa propre analyse, et nous sommes tous très différents. Ces questions m’ont toujours bizarrement habité. Peut-être que le fait de passer pendant toute ma scolarité nîmoise au lycée Alphonse Daudet, quatre fois par jour, entre la prison et les Arènes et à proximité immédiate du Palais de Justice, m’a inconsciemment marqué ? Toujours est-il que pour le premier (mais pas le dernier !) exposé que j’ai présenté dans ma vie, en classe de 3ème, j’avais choisi de restituer un ouvrage alors récent (1959) intitulé « Le Commandant d’Auschwitz PARLE » de Rudolf Hoess, aux éditions Julliard. Cet ouvrage était, en quelque sorte, sa défense, avant le procès de Nuremberg. A l’époque, je ne comprenais absolument pas comment deux guerres mondiales avaient pu avoir lieu, comment le nazisme avait pu exister. Et j’ai toujours cherché à comprendre ces processus infernaux individuels et collectifs pour tenter de pénétrer le mystère du Mal, afin de libérer les forces de vie. J’ai beaucoup appris du génocide du Rwanda, d’abord à travers l’écoute de survivants, puis les témoignages de victimes avant ceux de bourreaux.

Plus tard, j’ai un peu connu le monde de la Justice, à diverses reprises, en participant, aux premières loges et en responsabilité, à plusieurs enquêtes liées à des incidents ou accidents professionnels, en particulier en août 1985, où deux catastrophes ferroviaires ont causé la mort, à chaque fois, de 43 personnes (Flaujac et Argenton/Creuse). La région de Chambéry étant dense en centres spécialisés, appelés anciennement « maisons de redressement », les retours en train de week-end étaient parfois rudement « far-west », aussi je me souviens, dans les années 90,  d’avoir apprécié de collaborer avec les institutions judiciaires aux projets pédagogiques de ces établissements. J’ai, bien sûr, assisté en divers tribunaux, à un certain nombre d’audiences sans devoir intervenir, ni être concerné personnellement. Par ailleurs, le fonctionnement de la justice dans une entreprise, intégrant les questions culturelles de sanctions négatives et/ou positives, est de nature très voisine, quant à la recherche de « la Vérité » sur un « dysfonctionnement » mineur ou grave. C’est une question sensible et essentielle qui m’a beaucoup occupé, que je connais donc assez bien et dont je reparlerai peut-être.

Côté Cour d’Assises, j’avais assisté partiellement à Pau, en juin 2014, au procès du Docteur Nicolas Bonnemaison, qui était surtout, un débat majeur sur la fin de vie, l’euthanasie, les soins palliatifs…
Après avoir évoqué la Justice, je serai bref sur la Violence, hélas croissante dans les temps actuels, je serai bref ayant déjà longuement évoqué les attentats de début et fin 2015, au cours de trois épisodes précédents de ce blog (cf. archives USED 20, 21 et 26).

D’innombrables regards de citoyens sur la violence, méritent d’être partagés (même si nous ne sommes pas d'accord sur tout) pour enrichir nos propres regards. Je n’en citerai que deux :

-la rappeuse marseillaise Keny Arkana




-Jean-Claude Guillebaud dans son dernier ouvrage « Le tourment de la guerre ». Pourquoi tant de violence ? (novembre 2015 éditions de l’Iconoclaste).
Il introduit son ouvrage par une citation prémonitoire, d’il y a presqu’un siècle, en 1920, extraite de la préface de la 5ème édition d’ « Orages d’acier » d’Ernst Jünger : « Une époque, d’une brutalité dont nous ne pouvons nous faire aucune idée, est en marche ».
JC Guillebaud s’interroge, comme nous, et témoigne : « Face à ces torrents de violence, saurons-nous rester droits, sans devenir nous-mêmes barbares ?


…Ce voyage au bout de la violence, comme un miroir qu’il nous tend, apporte un éclairage engagé et précieux sur les événements contemporains ».


Entrons dans le PROCES au Palais de Justice de Pau :
Il ne sera pas question ici de refaire le procès, ni d’être exhaustif… J’ai choisi d’abord de présenter certains extraits de presse qui permettent de mieux comprendre et ensuite d’apporter mon regard personnel.


 (Synthèse TV le 16 juin, au 8ème jour après le verdict) Alexandre Junca, 13 ans, avait disparu le 4 juin 2011. Après de longues recherches, son corps démembré avait été retrouvé, jeté dans le Gave de Pau. Selon l'enquête, le collégien a été agressé un soir dans la rue alors qu'il rentrait chez lui par Christophe Cami ("le déclencheur" 28 ans le jour du crime), un SDF qui voulait lui voler son portable. Mickaël Baehrel ("l'enragé" 30 ans), un autre SDF, s'est ensuite acharné sur l'enfant, le tuant à coups de marteau. Fatima Ennajah ("la compagne" 50 ans) a caché le cadavre avant qu'il ne soit dépecé par Claude Ducos ("l'énigme" 76 ans).

Il devrait y avoir un autre procès puisqu'un accusé, un seul, Claude Ducos, fera appel de sa condamnation. (Infos ultérieures : Mickaël Baehrel, ne fera pas appel « par respect pour la famille » dit-il, les deux autres non plus).








(Ma 1er jour) l’accusé Mickaël B : « ça fait mal d’entendre une maman comme ça, tout ça, parce qu’un homme alcoolique et sous drogues lui a retiré la vie de son enfant. Je suis inexcusable, impardonnable »... « Je ne suis pas seul à devoir la vérité »… « J’ai honte ».









(Me 2ème jour) l’accusé atypique Claude D ne fait pas dans le sentiment, nie tout en bloc, a réponse à tout, raide dans ses bottes, se dit « innocent », avec un cynisme immonde : « moi, quand on cherchait le gosse, je disais comme beaucoup de gens à Pau, que les parents, qui étaient en train de se séparer, ils ont peut-être voulu le faire disparaître… ». Suite à ces propos choquants, les parents d’Alexandre quittent la salle et Mickaël B croît comprendre son attitude : « Je pense qu’il a honte de ce qu’il a fait. Il ne veut pas reconnaître sa part de culpabilité »,
-les enquêteurs de la Police Judiciaire interrogeant Claude D, sur les appels de Mickaël, passés la nuit du crime, sont surpris de la « clairvoyance » du retraité : « ce devait être important…ça pouvait être sûrement lié à l’assassinat du gamin…il a besoin, en urgence, sans doute, d’un véhicule, peut-être même le pire des services, faire disparaître le corps… ». Des « déclarations surprenantes de lucidité » ajoute le policier !



(Je 3ème jour) « les expertises psychologique et psychiatrique des accusés ont montré, sans surprise, que les cas les plus lourds sont Christophe C et Fatima E dont le dossier concentre « toutes les pathologies psychiatriques » ! Ils restent cependant responsables de leurs actes »,
-le psychologue évoque « le secret, le déni et le sentiment de culpabilité » et surtout « ce que disent les accusés ou ne peuvent pas dire »… « le déni protège du sentiment de culpabilité, un sentiment extrêmement pénible ». Ducos est dans le déni. Concernant Mickaël B : « pour lui, ce qui est grave, ce n’est pas ce qu’il a fait, c’est de s’être fait prendre ». Son avocate réagit et note que l’enquêteur de la PJ a souligné « sa sincérité » et que c’est lui qui, sur le registre de condoléances lors des obsèques d’Alexandre le 2 juillet,  a indiqué « celui qui t’a fait ça, est sous terre. Signé Mike » et a ainsi permis aux policiers de remonter jusqu’à lui,
-Christian Ducos, frère de l’accusé, 84 ans, a suivi de près le dossier, a vu et questionné plus de 30 fois son frère à la prison de Mont de Marsan, et reste persuadé de son innocence,



(Ve 4ème jour) l’enfance malmenée, c’est le point commun pour les 3 plus jeunes accusés mais le président Francis Bobille prévient « Cela peut expliquer ce qui s’est passé mais ça ne l’excuse pas »…


M. Baehrel, aussi « il lui manque de l’amour ». C’est son père qui le dit. « Moi, je lui en ai donné. Sa maman pas du tout ». Quand il le récupère, à 10 ans, il ne sait ni lire, ni écrire. Il le porte à bout de bras jusqu’à ses 18 ans. Avant qu’il ne claque la porte pour la rue. Il sait bien qu’il « a raté quelque chose » pour retrouver son fils ici, aux assises. « Ca fait très mal ». Mais cet homme touchant tient à pousser son fils à « assumer ». Quoi qu’il dise, il lui assure qu’il restera son père. Baehrel est en larmes. « S’il y a quelque chose, il faut le dire Mike. Ecoute-moi, c’est ton père qui te parle ».    



Valérie Lance, la maman d’Alexandre veut pousser M. Baehrel dans ses derniers retranchements, pour connaître la vérité : « Moi aussi, j’ai eu une vie difficile. Moi aussi, je me fais soigner. Moi aussi, j’ai eu une vie chaotique… Vous m’avez pris mon bébé, mon poussin » martèle celle qui raconte aussi toute la difficulté de continuer pour ses trois autres enfants … « Je vous confirme que c’est horrible ce que vous avez fait. Mais comportez-vous en homme, éclairez-nous »…

(Lu 5ème jour) « une journée où la salle d’assises a plongé dans l’horreur absolue avec la description clinique des coups portés à Alexandre et la découpe de son corps »…
« Les photos projetées conduisent la salle au bout de l’horreur. Rien n’est épargné. L’image du crâne à la face fracassée suffit à témoigner de l’extrême violence des faits »…
Un expert a aussi exprimé, avec une horrible image du cerveau, coupé en deux pour l’examen, qu’il n’y avait pas eu d’hémorragie prolongée, ce qui signifie que la mort est rapidement survenue après les coups violents.
« L’expert a ensuite longuement décrit la phase de découpe, avec une certitude pour lui : la présence de deux auteurs « un premier auteur inexpérimenté qui a essayé, puis quelqu’un qui sait faire »…
« Qu’est-ce que vous en avez pensé ? » est-il demandé au chasseur C. Ducos : « Ils ont démontré comment a été découpé le gosse. Moi, je n’ai jamais assisté à ça ! J’ai vu découper des cochons, mais pas des êtres humains »…


(Ma 6ème jour) une famille réduite à mendier :
-la mère d’Alexandre, Valérie Lance à M. Baehrel « le président a dit que nous étions au milieu du gué…on reste au milieu de la rivière  et, là, on va ramer jusqu’à la fin de nos jours »… « Vendredi,  je vous ai senti sincère. Si j’avais dû vous tenir la main, je l’aurais fait ». Aujourd’hui, elle est « déçue de la tournure que ça a pris »… « Vendredi, j’ai vu une part d’humanité en vous. Aujourd’hui ; j’ai envie de vous traiter de monstres, tous autant que vous êtes ».

-le père d’Alexandre : « je ne suis pas sûr que M Baehrel dise la vérité quand il prétend aimer son père. Moi, j’aimais mon fils profondément et il m’aimait profondément » … « vous n’êtes que des lâches, des lâches pour vous être attaqués à un enfant innocent, des lâches qui n’assument pas leurs actes. Je n’ai pas d’autres mots décents pour exprimer ce que j’ai à vous dire, donc, par respect pour la cour, je m’abstiendrai »,

-l’avocat général, Jean-Christophe Muller, s’en prend à Mickaël B « votre air faussement malheureux commence vraiment à m’énerver »…il lui parle de ses courriers en prison adressés encore en 2012 à Ducos « Mon cher ami Claude »…Ma conviction est que vous le couvrez ! »… « Vous êtes un menteur de la pire espèce ! ». « Je n’ai pas envie de prendre pour ce que je n’ai pas fait » bredouille l’accusé,


(Me 7ème jour) pour cet avant-dernier jour, le programme initial était : plaidoiries des parties civiles, réquisition de l’avocat général et plaidoiries de la défense.
Mais Baehrel, le principal accusé a bousculé le calendrier car il voulait, dit-il, « libérer sa conscience ». Il a fait quelques révélations quant à la mort d’Alexandre, qui aurait eu lieu au domicile de Fatima,

-jusqu'à présent, le jeune SDF avait toujours soutenu que le collégien était déjà mort lorsqu'il l'avait transporté dans l'immeuble de sa compagne, Fatima Ennajah, 50 ans, accusée de "non-dénonciation de crime », 

-en affirmant pour la première fois qu'Alexandre Junca avait repris conscience. "J'ai déposé l'enfant en face de l'appartement d'Ennajah, qui lui a donné un médicament parce qu'il pleure", lâche Baehrel. Saisis par cette révélation qui glace la famille d'Alexandre, les magistrats soumettent alors l'accusé à un feu de questions pour lui faire préciser ses dires.  

…"De l'entendre pleurer, ça m'a rendu fou. J'ai asséné plusieurs coups de marteau. Après, il était mort..."  bredouille l'accusé.   
Enième mensonge ou aveu suscité par la présence dans la salle d'audience de son père, l'une des rares personnes devant laquelle il semble soucieux de faire bonne figure ?

Ensuite les avocats des parties civiles s’expriment.
Me Leverbe, l'avocate du père d'Alexandre, Philippe Junca. Le père de l'adolescent "connaît la vérité du dossier". "Quand Mickaël Baehrel a dit ce matin qu'Alexandre était vivant (au domicile de Fatima E) ». "Mais ça, on le savait déjà". Les éléments du dossier le démontrent. Parce qu'Alexandre a pris du paracétamol et qu'il ne l'a pas pris dans la rue… Il sait que Fatima Ennajah a tout vu, tout su… Tous ces silences assourdissants de mensonges, ce ne sont pas des zones d'ombre, ce sont des non-dits, ce sont juste des preuves de lâcheté".

Me Mazza, l'avocate de la mère de l'adolescent, Valérie Lance, s'est retournée vers la famille, lors de sa plaidoirie.
"Pendant cinq ans, vous avez forcé mon respect…J'ai côtoyé la dignité, la force d'une famille que je n'oublierai jamais ...".
Cette mère courage était au bord du Gave quand les restes de son fils ont été trouvés… « Je n’oublierai jamais la solitude de cette mère digne, tellement digne, s’éloignant toute seule de cet endroit ».

Pour elle, "Camy, c'est celui par qui tout arrive, il est responsable de la mort d'Alexandre. C'est lui qui l'attrape. L'agression a été perpétrée par deux individus."

Autre accusé, Claude Ducos : "Il a tué doublement Alexandre ... Il a franchi le tabou suprême, porter atteinte à la dépouille d'un enfant. Ca n'a jamais existé en France, ni en Europe ... Dans la campagne profonde, on dira qu'"il n'a pas fait grand-chose pour prendre trois ans" ;
quelque chose de si horrible que le législateur ne l'a pas imaginé."

Et de reprendre "Vous n'aurez pas les aveux de Ducos. Mais aujourd'hui, c'est fini le culte des aveux, aujourd'hui il y a la technique ..."


Les réquisitions de l’avocat général Jean-Christophe Muller

Mickaël Baehrel : jusqu’à la dernière minute des débats, la vérité s’est faite attendre. « Sa conviction est que la responsabilité pénale de Mickaël B est pleine et entière. Le jeune homme n’a pas saisi la main qui lui était tendue au cours de ce procès et de cette instruction. Il requiert donc la peine maximale de perpétuité, sans réclamer cependant de période de sûreté »,

Christophe Camy : il ne croit pas au hasard de la rencontre entre Mickaël B et Christophe C. et « ils doivent être mis dans le même sac, mais il faut faire la différence car Christophe n’a pas porté de coups. Il propose 15 à 18 ans de réclusion criminelle »,
…évoquant les deux principaux accusés : « Ce sont des gens structurellement violents ».




Claude Ducos : celui « qui arrive à avoir des réponses à tout, sans jamais répondre à rien », … « accusé de choses abominables » selon un avocat de la partie civile… « sans se rebeller ». L’avocat général propose le maximum (3 ans) assorti de la privation des droits civiques.  Me Lorea Chipi, l’une de ses avocates, exprime que c’est « l’énigme de l’énigme »,

Fatima Ennajah : le maximum requis (3 ans) pour délits de recel de cadavre et non-dénonciation de crime.






Jeudi 16 juin (8ème et dernière journée du procès)

Plaidoiries de la défense, délibérations des jurés et annonce du verdict

-Me Emmanuelle Legrand-Bogdan, l’avocate de Christophe Camy : « il avait raison d’avoir peur d’être accusé du meurtre » alors qu’il n’a volé qu’un portable…« c’est un jeune homme ingérable, difficile à supporter, mais ce n’est ni un tueur, ni un assassin »,


-10h41 (longs extraits de la plaidoirie de) Me Carine Magne, avocate de Baehrel est en pleurs quand elle débute sa plaidoirie : "Je ne parlerai pas d'Alexandre. Vous savez qu'il est dans mon coeur depuis cinq ans. Mais je dois vous parler de Mickaël Baehrel. C'est mon rôle. Pour beaucoup, Mickaël suscite le mépris. Il est qualifié de monstre, de barbare... Juger, c'est accepter de comprendre"
Me Carine Magne évoque la rencontre de deux mondes, le soir du 4 juin 2011. "Celui de la violence, du ghetto, de l'alcool", c'est celui de Mickaël Baehrel : "Mon souci est de vous amener à voir derrière Mickaël Baehrel autre chose qu'un monstre, mais quelque chose que j'ai vu, moi".

"On n'entre pas dans la marginalité, on y plonge, en raison de l'alcool", poursuit Me Carine Magne, qui insiste sur les ravages de l'alcool avant de revenir sur la vie de Mickaël Baehrel. Et sur son arrivée à Pau : "Pau est une ville connue dans le monde des marginaux pour être une ville attractive : il y a quelques facilités pour les marginaux. Quand il arrive à Pau, Mickaël Baehrel n'était pas encore tombé dans la marginalité décadente. Mais quand il y a une alcoolisation, il y a une décadence : l'homme perd l'homme".
A Pau, Mickaël Baehrel rencontre Fatima Ennajah : "C'est un coup de foudre. Elle s'adonne à diverses addictions. Dont l'alcool. L'alcool fort, lourd. Mickaël est tombé là-dedans. Ce n'est pas de l'alcoolisme mondain... Là, vous allez vous écrouler là où vous êtes, vous vous soulagez là où vous êtes. Regardez les SDF, ils sont marqués, ils ont la saleté de la rue. C'est malheureux, mais c'est ainsi. Il faudra continuer à les regarder, à les tolérer." Me Carine Magne raconte ce qu'elle voit dans les rues de Pau ("Il y a en qui se promènent avec des couteaux, même un avec un sabre...").

Elle évoque la vie du couple Baehrel-Ennajah, "dans un taudis sordide", puis la rencontre avec Claude Ducos. "Faire une fellation pour avoir "la pièce", pour un sandwich, pour un repas, pour des cigarettes, ce n'est pas de l'amour, ce n'est pas du plaisir... Vous voyez la débâcle... C'est cela la marginalité : et plus vous descendez, plus vous descendez, et plus vous descendez, plus vous descendez..."
Elle rappelle que "l'alcool lève l'inhibition et permet la libération de la pulsion agressive" chez les marginaux : "Mickaël Baehrel, c'était devenu ça : quelqu'un qui était descendu si bas que quand on le croise, on détourne les yeux, on fait un détour, on change de trottoir... Nous savons que potentiellement il représente un danger".

Me Magne veut montrer que Mickaël Baehrel a rejoint l'humanité depuis le drame : "C'est le seul ici à avoir reconnu certains faits. Ils ne sont pas complets mais il a dit ce qu'il pouvait dire. (...) Il a été courageux de sa part d'aller au cours de ce procès au delà de ce qu'il avait dit lors de l'instruction (...). Je ne pense pas qu'il a été dans l'intention de Mickaël Baehrel de cacher des choses. Mais il n'avait pas trouvé le moment de le dire pour se libérer. Le psychologue vous a dit qu'il a une carapace".
Me Carine Magne regarde les jurés : "Devant vous, il s'est dévoilé. Il a eu des moments d'humanité. Aujourd'hui, avez-vous à juger un monstre ?". L'avocate reconnaît que l'accusé s'est parfois montré "sous un jour très désagréable" au cours de ce procès. "Mais il n'a cessé de vous dire : "Je suis le seul coupable de la mort de votre fils". "J'ai un coeur"."Je suis inexcusable". "Je suis quelqu'un d'humain", "J'ai honte de moi"...."

"Ce qu'il a fait est monstrueux, mais est-il un monstre ?", interroge Me Magne. "Il a été le seul à reconnaître sa culpabilité. Il a été au-delà de ce qui lui était reproché. Devant vous, il est allé au bout du bout. Il a une prise de conscience réelle. Il a fait part de compassion, de sincérité".
"Il a perdu son humanité avant le 4 juin, il n'avait pas son humanité le 4 juin, mais n'a-t-il pas aujourd'hui regagné son humanité de façon suffisante ?". Pour l'avocate, la réponse est que Mickaël Baehrel a retrouvé cette humanité, et donc qu'il ne mérite pas, aujourd'hui, la perpétuité.
Me Carine Magne conclut :

"Nous sommes dans nos cœurs les parents d'Alexandre, mais nous pourrions tous être les parents de Mickaël". 

L'avocate termine ainsi une plaidoirie marquante, d'une profonde humanité.


Le verdict est tombé ce jeudi soir à 19 heures, suivant totalement les propositions de l’avocat général. Mickael Baehrel est condamné à la perpétuitéChristophe Camy à 15 années de réclusion. Claude Ducos et Fatima Ennajah sont tous deux condamnés à trois ans de prison, avec mandat de dépôt. Les quatre accusés dans le procès Alexandre Junca sont donc tous en prison ce jeudi soir.

Un autre procès aura lieu, ailleurs (Tarbes, Mont de Marsan ?), puisque l'énigmatique Claude Ducos a fait appel.

Les parents d’Alexandre éprouvent un soulagement : « ce que nous voulions, c’est qu’ils partent tous dormir en prison. Ils sont tous reconnus coupables… Nous sommes restés soudés. Il n’y avait pas une famille Junca, une famille Lance, il n’y avait que la famille d’Alex…on va pouvoir penser à nous, à nos vies. Et Alexandre sera un peu plus serein dans nos mémoires et dans nos cœurs ».
Mais dehors, à la sortie des accusés, des hurlements d’hystérie s’élèvent. Des cris de haine qui offrent un spectacle indigne de cette famille qui, confrontée au pire, a toujours su garder un sang-froid admirable.

Les condamnations prononcées suivent les réquisitions de l'avocat général Jean-Christophe Muller. De mémoire de magistrats et d'avocats, aucune peine de réclusion à perpétuité n'a été prononcée par la cour d'assises des Pyrénées-Atlantiques depuis un quart de siècle.

(Pour mémoire 15 peines de réclusion à perpétuité en France en 2014, sur les quelques 2300 condamnations prononcées par les cours d’assises françaises).















Probablement, dès que possible,  je complèterai cet épisode (3-PVPV) par mon regard personnel, ce que j’ai vu, ressenti et aussi partagé avec la famille proche d’Alexandre ainsi qu’avec le papa de Mickaël Baehrel, au cours de ces trois lourdes matinées des 5, 7 et 8èmes jours du procès.(En fait, j'ai fait un nouvel épisode 4-PVPV)

Ci-contre, la seule image que j’ai prise, le matin du verdict, avec la maman de la victime, à gauche, en conversation avec la famille du meurtrier de son fils (son papa de dos, ses 2 sœurs et son frère).