mardi 9 août 2011

103ème : 8-CC3B Esquisse du programme COLIBRIS

Pour ce 8ème épisode du feuilleton et avant d’aller plus loin, il a paru intéressant de répondre à trois questions, souvent posées de façon pressante, au sujet de la campagne off Colibris, qui démarrera à l’automne prochain : I - Quelles sont les valeurs fortes de cette campagne présidentielle off ? II - Quelles sont concrètement les actions et pratiques actuelles qui vont dans le bon sens ? III - Comment ce changement de paradigme (de fondement, de fondation), dont il est souvent question, peut-il s’exprimer selon les divers grands domaines ? Les réponses sont extraites du site colibri, déjà évoqué à plusieurs reprises : I- Quelles sont les valeurs fortes de cette campagne présidentielle off ? Au-delà de la charte, dix axes résument bien la spécificité de cette approche : 1. Il est indispensable de changer de paradigme de société, 2. La société c’est moi et je suis la société. C’est mon changement qui détermine le changement du monde, 3. Nous sommes tous liés et interdépendants, 4. L’autonomie est l’un des fondements de la liberté, 5. L’éducation est le ferment de notre rapport à nous-mêmes, aux autres et à la nature, 6. L’avenir est dans le génie de la simplicité, l’élégance de la sobriété, 7. Small is beautiful, 8. La coopération est la condition incontournable du changement, 9. Le territoire est le lieu d’action privilégié pour amorcer la transformation, 10. La joie est notre bien suprême. II - Quelles sont concrètement les actions et pratiques actuelles qui vont dans le bon sens ? AGRICULTURE : Permaculture, agroécologie, agriculture biodynamique, HABITAT / URBANISME : Éco-habitats, éco-quartiers, villages et villes, ÉDUCATION : Méthodes Montessori, Steiner, Freinet, interdiction de toute violence éducative et particulièrement de la violence éducative ordinaire, ÉCONOMIE : Économie et monnaies locales, monnaies libres, entrepreneuriat social, GOUVERNANCE : Sociocratie, Holacratie, CNV, Techniques d’intelligence collective (Forum Ouvert, World Café…) ÉNERGIE : Autonomie énergétique par les énergies renouvelables, sobriété énergétique. III - Comment ce changement de paradigme peut-il s’exprimer selon les divers grands domaines ? 1-ÉCONOMIE (vieux monde) Économie mondialisée, globalisée, hors-sol ; Argent, monnaie comme une fin ; Monnaies bancaires ; Système fondé sur la dette et la mise en dépendance des populations. ÉCONOMIE (monde nouveau) Économies locales reliées ; Argent, monnaie comme un moyen ; Monnaies libres, « le peuple bat monnaie » ; Système fondé sur l’autonomie des populations et la liberté d’échanger les richesses. 2-ORGANISATION SOCIALE (vieux monde) Modèles pyramidaux, "top down" ; Pouvoir centralisé, concentré ; Segmentation / sectorisation ; (Séparation corps-esprit, mental-émotionnel-spirituel, hyper-spécialisation). ORGANISATION SOCIALE (monde nouveau) Modèles en réseaux, "bottom up" ; Pouvoir partagé, réparti ; Unité / pensée et actions holistiques (Recherche de la complémentarité, polyvalence, interdépendance…) ; 3-RELATION À LA NATURE (vieux monde) Nature comme un gisement ; L’humain est extérieur à la nature et la domine. RELATION À LA NATURE (monde nouveau) Nature comme une richesse ; L’humain est nature et dépend d’elle. 4-VALEURS (vieux monde) Individualisme ; Dépendance ; Monoculture / uniformisation ; Compétition. VALEURS (monde nouveau) Partage, générosité ; Autonomie / interdépendance ; Polyculture / Diversité ; Coopération. 5-ÉNERGIE (vieux monde) Dépendance aux énergies fossiles et aux grands groupes. ÉNERGIE (monde nouveau) Autonomies locales, régionales fondées sur les énergies renouvelables, autonomie des moyens de production et de distribution. 6-AGRICULTURE (vieux monde) Agriculture industrielle, mondialisée, fondée sur le pétrole et la pétrochimie, monoculture, OGM, semences brevetées, patrimoine génétique pauvre ; De moins en moins de paysans sur des exploitations de plus en plus grandes. AGRICULTURE (monde nouveau) Agriculture paysanne, agroécologique, locale, fondée sur le savoir agronomique ; Semences anciennes, libres, patrimoine génétique riche ; De plus en plus de paysans sur beaucoup de petites exploitations en polyculture. 7-MÉDECINE (vieux monde) Médecine allopathique, chimique, d’urgence, basée sur une approche mécaniste de la santé. MÉDECINE(monde nouveau) Médecine globale (naturopathie, homéopathie, allopathie), basée sur la prévention et une approche holistique de la santé. A bientôt.

vendredi 5 août 2011

102ème : 7-CC3B Connaissances, transmissions et démocratie dans les trois mondes.

Préalable :

Salut ami lecteur, je t’accueille avec joie car j’écris pour toi, qui as atterri sur ce blog, par hasard, par « aiguillage », par sympathie ou par habitude. Un minimum d’explications s’impose : 7-CC3B signifie qu’il s’agit du 7ème épisode d’un feuilleton, intitulé « Campagne (présidentielle) Colibris, du 3ème type, en Béarn ». Aussi, si je peux me permettre et si tu souhaitais mieux comprendre, tu pourrais survoler les six épisodes précédents.

Ce blog reprend huit années d’émissions radios mensuelles de 2002 à 2009, puis une bonne année 2010 de jachère et depuis 2011 l’ouverture de ce feuilleton CC3B en totale continuité et cohérence, qui poursuit les mêmes objectifs que mon émission radio « Regards du Sud », sous-titrée « Comment construire, tous ensemble, un monde plus fraternel ? ». Donc, de fait et à posteriori, ces émissions radio se révèlent être une première phase de cette campagne Colibris. Avant de fréquenter intensément l’ami Pierre Rabhi à partir de 2006 et de participer activement à la construction du Mouvement Colibris, qu’il a initié, j’avais ainsi exprimé les objectifs de mon émission-projet, lors d’une « spéciale anniversaire » :
-élargir notre regard pour mieux connaître notre monde,
-rendre hommage, en citant leurs propos souvent visionnaires, à ceux qui ont apporté leur énergie ou même donné leur vie pour un monde plus solidaire,
-informer sur les expérimentations porteuses, ici et ailleurs,
-partager aussi la chance que j’ai eue et tout ce que la vie m’a appris au cours des années,
-fournir une grille d’analyses de l’actualité ainsi qu’un cadre de références pour enrichir les opinions et les actions de chacun,
-donner des pistes pour faciliter l’engagement de chacun dans ce projet vital et pour multiplier le nombre de ceux qui partagent cette espérance,
-apporter de la confiance, du sens, de l’espoir, en particulier aux jeunes, dans notre monde actuel souvent désespérant.



Connaissances, transmissions et démocratie dans les trois mondes.
Les trois mondes : il est très important, à mes yeux, de faire référence à tel ou tel monde, de savoir dans quel monde on se situe (les trois mondes ont été détaillés au 4ème épisode CC3B), car chaque monde a sa propre cohérence (sa logique, sa sémantique, son paradigme, …) et c’est une excellente grille d’analyses quotidiennes de l’actualité. Quand on est obsédé par la « croissance », on sait qu’on est dans le vieux monde, parce qu’on sait également qu’une croissance illimitée dans un monde limité est folie mortifère ; dualité de mondes et dualité de mots associés : le vieux monde (profit illimité, la démesure, l’inconscience, procès d’intention, concurrence/compétitivité, individualisme, folie, l’Avoir…) opposé au nouveau monde (l’Homme et la Nature, la mesure, la conscience, crédit d’intention, émulation/coopération, solidarité, sagesse, l’Etre…). Il va de soi que les trois termes (connaissances, transmissions, démocratie) sont très dépendants aussi du monde référencé 1er, 2ème ou 3ème type.
Les trois images/textes ci-dessus illustrent bien ces trois mondes : 1-individualisme forcené, 2-transition (désobéissance civile, peuples), 3-reliance salvatrice.


Connaissances : l’expérience de vie, de toute vie, riche progressivement de connaissances accumulées, d’expériences réussies ou non, est une mine d’or globalement ignorée. « Qu’est ce que je veux faire de ma vie ?» se transmute progressivement, avec l’âge, en « qu’est-ce que j’ai fait de ma vie ? » : la question change de nature selon le poids des ans. De la même façon, « Comment ai-je acquis des connaissances pertinentes (tous azimuts) ? » et plus globalement « Comment me suis-je construit ? » est une question qui suppose déjà un petit cheminement de vie et qui dépend de chacun.

Pour ma part, le senior que je suis, a eu la chance d’avoir de tous temps, une grosse énergie positive, de l’enthousiasme, de la curiosité pour tout, de l’amour pour l’humain, une liberté de penser, de la joie à apprendre, j’ai passé beaucoup de temps à étudier, à chercher aussi, j’ai fait de longues études et parallèlement j’ai vécu pleinement dans les projets, les rencontres, les initiatives, les multiples engagements,… j’ai appris de mille façons : les études bien sûr pour une petite part, les engagements associatifs en particulier, les enfants, les handicapés, le sport, les arts, les lectures, les chantiers multiples, les voyages, le jeu, les fêtes, la vie d’abord. J’ai surtout appris à trouver les meilleures solutions aux problèmes posés, en créant si nécessaire les concepts et les méthodes qui n’existaient pas, en animant des équipes, en pilotant des projets, en assurant des formations si nécessaire. J’ai eu la chance d’être né dans la « sobriété heureuse » et d’être toujours resté dans cet esprit, sans goût particulier du pouvoir, mais avec un goût immodéré des autres.

La vie est passage de l’implicite à l’explicite : nos actes, nos pensées, nos tranches de vie sont les pièces d’un puzzle qui se rend progressivement lisible. J’ai eu la chance d’avoir pu vivre dans les trois mondes à la fois (souvent dans l’incompréhension, mais est-ce important ?), notamment en entreprise, en exploitant les marges de manœuvres dont je disposais, démontrant de multiples fois que la meilleure solution, même pour le vieux monde, était de fonctionner humain, en respectant infiniment chaque homme et en lui permettant d’exprimer tout son potentiel. J’ai toujours aimé « l’autonomie cohérente, solidaire et créative ».



Transmissions : « Comment construire tous ensemble un monde plus fraternel ? » Pendant quatre ans, tous les mois, j’ai transpiré sur cette question, (re)découvrant la fécondité du « travail de la pensée ». Pour faire bref deux réponses à apporter à deux constats majeurs :
1-l’absence de liens sur l’Essentiel, comme je l’ai exprimé dans le 5ème épisode CC3B. Le prochain épisode détaillera, en réponse, le concept opérationnel de « Collectif Informel de Reliance » que j’ai lancé dernièrement au festival d’Emmaüs-Lescar et qu’il faut que j’explicite encore. Dans l’image-texte ci-dessus, que je pourrais appeler « la reliance salvatrice », Edgar Morin définit exactement à quoi ce collectif doit répondre en s’appuyant sur ce qu’il appelle « le vivier du futur »,
2-une défaillance dramatique de la transmission tous azimuts (connaissances, méthodes,…), entre générations notamment. Lors du 5ème épisode CC3B, j’avais cité le Pacte civique, qui fait suite à un appel lancé par trois personnes « un appel à penser, agir, et vivre autrement en démocratie pour inventer un futur désirable par tous » Edgar Morin, Stéphane Hessel, Claude Alphandery , tous les trois nonagénaires en 2012. On pourrait rajouter d’autres nonagénaires de choc : Emile Poulat, Raymond Aubrac, Joseph Moingt,…

Cette mode des « nonagénaires » exprime positivement la nouvelle écoute des anciens, qui répond à cette lourde défaillance de transmission. J’ai l’impression qu’il y a un gaspillage énorme. En étant sexagénaire, il me semble que je transmets 5 à 10% de ce qu’il me paraîtrait pertinent de transmettre, et en voyant ces grands anciens, je me sens gamin, en ressentant qu’il y a un manque énorme d’outils pour cette transmission, mais nous avons quelques idées, notamment avec le « jeu du journaliste », qui pourrait être complémentaire de l’approche « forum ouvert ».


Démocratie :
Deux très courtes remarques pour exprimer la question, sans saturer les neurones :
1-la démocratie a probablement besoin d’adaptations lors de mutations importantes de monde comme actuellement. Une citation de Margaret Mead, extraite du DVD « Villes en transition », exprime indirectement cette idée : « Ne doutez pas qu’une poignée de citoyens, conscients et engagés, puisse changer le monde. En fait, c’est toujours ainsi que le monde a changé ». Il faudrait aussi parler de la « masse critique » d’Edgar Morin, …
2-la parole des anciens, riches de leurs milliers de rencontres, d’expériences, de projets réalisés, …est particulièrement précieuse. Comment la prendre en compte dans nos démocraties ?

Merci pour la lecture. La prochaine fois, le thème sera le « Collectif Informel de Reliance », en relation étroite avec le "Collectif Climat de Pau", qui est un dynamique "Collectif de transition" auquel j'appartiens également. J’ai encore du boulot, mais pas d’échéance imposée à la différence de mes huit années de radio. Salut amical à tous.